L’amour, c’est quand on rencontre quelqu’un qui vous donne de vos nouvelles.

Un récit en 8 épisodes de la naissance d'AMÉDÉ.
Tout commence par la fin
Voici le moment de commencer à faire les présentations et de vous révéler ce qui se cache derrière AMÉDÉ, un nom béni des Dieux et dont je vous dévoilerai la signification très bientôt. Je vais vous raconter la genèse de ce qui n’est rien d’autre que l’un de mes projets de vie les plus enthousiasmants et qui, je l’espère, vous ravira autant que moi. Et comme souvent dans la vie, tout commence par une fin. Une fin au pluriel plus exactement : celle pragmatique d’une aventure professionnelle, celle abstraite d’une vision du monde, celle terrestre d’un proche aimé… Les fins de chapitre ou de livre, que l’on voit venir de loin ou qui nous surprennent à l’improviste, ne sont pas forcément malheureuses, si tant est que l’on sache ce qui se prépare derrière. Quand l’inconnu imbibé d’incertitude règne et seule la douloureuse absence nous attend, la fin est nettement plus délicate à appréhender. Assommée de fins à digérer, il n’y a alors pas 36 solutions : faire le deuil. Le « deuil » : un mot qui bien plus facile à écrire qu’à vivre…
Le deuil impossible
Il y a des deuils plus faciles que d’autres à faire. Des deuils aussi dont on ne se remet pas : on continue sur le chemin qu’on appelle la vie et on apprend à « faire avec ». À l’image d’une étoile qui meurt en implosant pour devenir une naine blanche et dont la lumière continue d’éclairer notre ciel des millions d’années, la peine liée à la perte subsiste et nous accompagne pour le restant de nos jours. C’est ce que l’on appelle un deuil impossible. Pour ceux qui l’expérimentent au cours de leur vie, et ici le présent s’impose vu la définition que je viens d’en faire, l’existence n’en devient pas pour autant triste à mourir, bien au contraire : la conscience de la finitude de notre vie nous pousse à l’apprécier enfin à sa juste valeur et peut révéler en nous des ressources insoupçonnées... Même si ces aptitudes nouvellement acquises ne sont – et de loin – pas forcément immédiates. Il n’y a cependant pas que des deuils impossibles – et heureusement, sinon ce serait un propos fort morose pour un mardi matin – il y en a d’autres, dont on se remet, et même plus que bien. Des deuils qui se révèlent salutaires, qui nous permettent d’entrevoir de nouvelles portes, qui ouvrent l’horizon des possibles, même si leurs pourtours sont aussi indéfinis qu’indécis…
Savoir ce que l'on ne veut plus
Je vous ai parlé du deuil et des formes qu’il peut prendre : de ceux plus faciles que d’autres, de ceux dont on ne se remet pas ou du moins pas comme on l’aurait aimé. Le deuil est un sujet ô combien délicat à aborder et qui – avouons-le – a le mérite de plomber quelque peu l’ambiance. Aujourd’hui, j’aborde un autre aspect du deuil, moins mortifère vous en conviendrez : celui de l’apprentissage qu’il nous permet de faire. Lorsque l’on tourne une page, que l’on achève un chapitre, qu’il soit professionnel ou relationnel, par le vide engendré et auquel on doit alors faire face, arrive le temps du bilan. C’est souvent, si ce n’est toujours, par ce dernier que l’on apprend à identifier nos besoins, ou plutôt pour commencer, leurs corolaires : ce dont on n’a plus besoin, ce que l’on ne veut plus. Et c’est exactement ce qui m’est arrivé dans mon métier de communicante : la prise de conscience de ce que je ne voulais pas ou plus dans la manière de le pratiquer à l’avenir. L’IA à la louche, le storytelling larmoyant, le marketing vindicatif, le fake, l’iniquité et l’incohérence, aussi bien au niveau du discours que du comportement… Tout ça, zou, oust, à la poubelle. Ce que je ne veux plus, c’est bon, je sais. Quant à savoir ce que je veux, là en revanche, c’est une autre histoire…
Savoir ce que l'on veut
Reprenons le fil de l’histoire… Le bilan est fait, les choses dont on ne veut plus sont clairement identifiées… Le ménage accompli, la poubelle est pleine, à ras bord même, elle déborde. Mais les choses que l’on veut à présent, celles auxquelles on aspire et qui nous donnent envie sonnent cruellement aux abonnés absents. Le vide, le néant. Rien ne semble avoir ni de saveur ni même de goût. La fadeur en bouche, rien à faire frémir les babines. La moue sceptique collée aux lèvres, la brume embrouillant l’esprit, il faut bien se rendre à l’évidence : l’envie s’est tarie. Que faire alors quand on ne sait plus quoi faire ni comment et surtout quand cette essentielle envie s’est fait la belle ? Aux grands maux les grands remèdes, il ne reste plus qu’à partir à sa recherche, en commençant par prendre l’air…
Prendre l'air
« Celui qui erre trouve de nouveaux chemins ». L’adage norvégien sied à merveille à mon sujet du jour : prendre l’air. Je me souviens d’une chanson que j’aimais particulièrement enfant et dont j’avais appris les paroles à l’école : « Partir » de Julien Clerc. Aujourd’hui, quelques décennies plus tard, la relire me donne le sourire. À la fois parce qu’elle me fait penser à la petite fille d’alors et qui n’avait besoin que de son imagination pour voyager et parce que ses mots, d’une justesse dont l’élégance rivalise avec l’épure, résonnent toujours autant en moi, bien que différemment… La bouteille, sans doute.
« Depuis l’enfance
Je suis toujours en partance
Je vais je vis
Contre le cours de ma vie »
Prendre l’air. Un besoin aussi impétueux qu’essentiel et qui consiste d’abord à changer d’air. Il n’est pas nécessaire de partir forcément bien loin, l’idée est simplement de changer d’environnement, d’entamer et de renouveler la partance, pour entrevoir son monde, le monde, différemment.
« Partir partir
Même loin de la région du cœur
[…]
Partir avant qu’on meurt »
Lorsque l’on prend l’air, la destination n’a guère d’importance, ce qui compte avant tout c’est ce mouvement : la partance. Partir et sans cesse revenir. Partir, parce qu’on peut toujours le faire justement. Partir, parce que l’on est toujours vivant.
Alors que j’écris ces mots, un scarabée doré s’est échoué sur mon balcon. Après l’avoir aidé à se relever, deux fois même, un premier faux départ l’ayant retardé, la patte blessée, il a repris son envol… Et son chemin. Nul ne sait pour combien de temps, mais la partance, c’est l’expression de sa vivacité, de son existence, de son élan de vie… La démonstration qu’il est justement toujours vivant. Si ce n’est pas là un merveilleux signe du destin pour conclure mon propos…
Changer d'air
Quoi de mieux qu’un samedi matin pour un rappel de quelques notions élémentaires de physique-chimie ? Les deux disciplines vont de pair car la frontière qui les sépare est parfois tenue ; elle relève en effet souvent de l’échelle et du point de vue que l’on adopte. Il y a quelques semaines de cela, une discussion a ravivé un vieux souvenir de classe (pour la petite histoire, dans une autre vie, j’ai passé de longues, très longues, après-midis derrière une paillasse, pipette dans une main, tube à essai dans l’autre). Un vieux souvenir qui n’est d’autre qu’un des principes fondamentaux de la théorie des gaz. Un gaz, parfait ou réel mais considéré comme tel, occupera tout l’espace qu’il aura à disposition… Et plus l’espace, ou plus précisément le volume qu’on lui laissera, sera grand, plus le gaz prendra ses aises, la pression diminuant. C’est la Loi des gaz parfaits, PV = nRT (P la pression, V le volume, n la quantité de matière, T la température et R la constante universelle des gaz parfaits). C’est là que je me suis posé cette question, après m’être dit que tout ce que l’on apprend finit un jour par nous servir dans la vie : et si nos pensées se comportaient comme des gaz parfaits dans notre esprit ? Elles y occupent alors tout l’espace qu’on leur laisse. Et ce principe s’applique, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. En supposant que notre esprit se restreint au volume de notre corps, l’espace est limité, et par là même, la place à disposition. Et pour faire de la place aux belles pensées, celles qui nous animent et nous inspirent, il faut faire du vide, se désencombrer de celles qui nous accablent et nous pompent littéralement l’air. Voilà donc à quoi cela m’aura servi de prendre l’air : à changer d’air…
Un nouveau souffle
Assise sur une souche de bois, j’observe les fleurs avoisinantes, l’herbe festive à mes pieds, la chaleur du soleil de mai sur mes épaules. Pour reposer le contexte, j’ai pris l’air quelques jours, pour changer d’air justement. Subjuguée par la paisibilité du lieu où je me trouve, je repense à une discussion que je viens d’avoir avec une personne d’une incroyable sagesse et que j’ai eu la chance de rencontrer durant ces quelques pas de côté. À mes interrogations sur mon adaptabilité et à mon sentiment parfois d’inaptitude à l’être, elle me répond de but en blanc : « pourquoi chercher à s’adapter absolument au monde ? Le monde s’enrichit bien plus de notre individualité et nous devrions la cultiver au lieu de s’évertuer à vouloir l’estomper ». Que dire si ce n’est que ces paroles me touchent au cœur. Et comme c’est souvent le cas lorsqu’elles sont justes, elles trouvent la résonance qui leur est destinée, en réveillant en moi un nouveau souffle, d’une vigueur que je n’aurais guère imaginée encore possible…
« Où vais-je ? Je ne sais. Mais je me sens poussé d’un souffle impétueux ».
Victor Hugo
L'évidence
Revigorée par le nouveau souffle qui m’habite, tout devient beaucoup plus simple. Mais surtout beaucoup plus limpide. Sur ce que j’aime, sur ce que je veux faire et surtout transmettre. Hier soir, j’ai regardé le premier épisode de la sixième saison de la série Black Mirror diffusée sur Netflix : « Joan is awful ». Traduction : Joan est affreuse. Que dire si ce n’est que l’histoire m’a absolument fascinée, et cela m’arrive rarement pour le souligner en ce qui concerne Streamberry, pardon Netflix. Charlie Brooker, le créateur de la série, y dépeint avec un cynisme glaçant la puissance des IA génératives, dans un futur des industries créatives gavées de données et de contenus, où la dystopie semble relever de la prophétie. La vertu des récits d’anticipation réside dans leur capacité à nous confronter à la réalité du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, à entrevoir ses potentiels dangers mais aussi à imaginer d’autres possibles pour y répondre. Un autre possible : c’est l’évidence et c’est celle d’AMÉDÉ.